GRUNDELER
"A travers à travers
C'est toujours à travers
Que cela se passe
A travers
Que l'on voit, croit voir, devine
Ce dont il s'agit"
Guillevic
De quoi s'agit-il au juste? De toile, de fil, de papier, d'encre, de cendre, de rouille....
Ou plutôt d'une quête qui ne s'arrête pas à la toile, au fil, au papier, à l'encre, à la cendre, à la rouille.
Florence inlassablement poursuit, avec douceur et obstination, quelque chose qui s'enfuit et ne laisse qu'une trace lacunaire, un cercle qui n'en est pas un , une tache qui s'égoutte, une boursouflure qui s'évase, un sillage qui s'efface.
Ses images boivent à la source de l'incertitude. Et pourtant quelque chose se cherche en leur sein, dans leur aveuglement, leur incomplétude même.
Le fil cherche l'envers et l'endroit
L'encre cherche les bords et l'au-delà
La rouille cherche l'odeur du temps
Et la cendre la mémoire d'enfance
Florence inlassablement cherche. Ses toiles ouvrent des territoires liquides qui se creusent et s'épanchent, en une cartographie suggestive qui invite au voyage. Ses papiers flottent comme remontés d'un puits, marqués de signes anciens et oubliés. Parfois ils ressemblent à des peaux belles de leurs rides et marbrures. Ses gravures sont veloutées des salissures du chemin. Et souvent le fil traverse ces contrées ébauchées, conduisant ailleurs, en liberté.
L'artiste commence, recommence. Pique et repique, peint et recouvre, découpe et réassemble, grave et efface. Elle traverse, se traverse, se laisse traverser.
Et pour nous aussi, cela se passe à travers. A travers les œuvres, à travers l'épaisseur invisible qu'elles déploient, le spectateur touche quelque chose, une matière, une sensation, un élan.
Et l'on devine
"ce dont il s'agit'"
Anne Louyot - curatrice
novembre 2024